YANINA PARIS FASHION 2020
La salle réservée du musée d’Art Moderne de la ville de Paris était bien trop petite pour accueillir la diaspora russe présente comme si, nous étions après la révolution d’Octobre. Tous les russes de Paris étaient là, à l’exception de la comtesse Ignatieff, ma copine, qui n’a pas été invitée et pour laquelle je n’ai pas réussi à obtenir une invitation, mais je lui ai dit avec la méchanceté qui me caractérise : « Ne t’inquiète pas, tu auras une invitation quand elle fera de la vrai Haute Couture, et quand tu seras une vraie Comtesse ».
En réalité, cette collection était un peu déroutante, car vous pouvez trouver le pire comme le meilleur : certaines robes sont assez mal finies et coupées par une modéliste qui ne connait visiblement pas son métier et travaille probablement les points de feston avec des gants de boxe, et, en même temps, vous découvrez une merveille qui vous apparaît comme cette robe jaune avec un bustier de pétales de fleurs tout droit sortie des jardins de Monet et du plus bel effet. La dichotomie entre les deux pièces est tellement flagrante que vous ne pouvez que penser qu’il y a deux créateurs dans la maison.
Yanina, qui usuellement a un thème pour chaque collection, nous propose un communiqué de presse qui n’a aucun sens. On pourrait imaginer que les robes noires très transparentes des mannequins, qui défilaient devant moi, levaient le voile sur les nuits chaudes de Saint-Pétersbourg. Or, il n’en était rien. Les designers sont ainsi ; une fois, ils nous emportent dans un rêve à l’apogée de la Haute Couture et parfois, nous restons au ras-du-sol. Cette fois-ci nous sommes entre deux eaux.
En Russie, pour attirer les mâles dominants, les femelles sont prêtes à tout, et Yanina Couture donne un show comme une parade nuptiale qui exhibe de longues robes noires transparentes comme les eaux du Lac Baïkal. C’est un message subliminal de la créatrice, une ronde des muses qui passent et repassent devant nous comme un ballet attractif et gracieux néanmoins. Elle perfectionne l’élégance comme un bolchevique qui voudrait attaquer le Kremlin, dans un style aéré d’une rêverie romantique exaltante, a un moment intense et intime de l’orthodoxie de la couture.
Anonymode