SPORTMAX MILANO 2020

FASHION WEEK MILANO 2018

Colliers de chien et casquettes de bateliers de la Volga, épaulettes en cuir ressemblant à un joug ou un tablier de sapeur de familles, pour des pondeuses de chiards en goguette, avec des ceintures où le corps n’est qu’un décor et où le cœur a seulement disparu. Voilà bien la collection la plus moche de la Fashion Week de Milan. Un imbroglio dans une salle où le plafond était tendu de tissus pour nous faire croire que nous étions sous une tente, mais la seule tente dans cet amphithéâtre était mon voisin.

Il est vrai qu’il faut faire preuve, m’a-t-on dit, d’une grande mansuétude pour regarder cette collection d’un créateur qui ne l’a jamais été et qui, d’ailleurs, n’a jamais été formé à l’être. Présent dans une nébuleuse, il arrive à se faire oublier par son collectif. Il est à l’image d’une belle voiture allemande, pas belle, pas fantastique mais quand vous tournez la clef, elle fonctionne toujours. Malheureusement, dans ce cas précis, nous sommes restés en panne.

Le danger n’est pas la multiplication de ces machines à coudre, mais dans le nombre sans cesse croissant d’hommes et de femmes habitués, dès leur enfance, à vouloir désirer le moche, alors que la couture doit être exactement l’inverse, elle doit d’abord nous faire rêver. Il n’y a point besoin davantage de génies pour cette couture si morne, la notion de sa certitude est infinie et récurrente dans son incapacité à créer un niveau d’exigence à la hauteur de la ville qui l’accueille. C’est le doute qui rend fou et non la certitude ! On dit que les génies doutent en permanence alors que les imbéciles ne sont remplis que de certitude. Une ciguë que l’on cherche à me faire avaler comme si Marie-Madeleine Dreux d’Aubray était de retour. Je vous salue, Monsieur, avec beaucoup de doute.

Anonymode