MORT DU RASPOUTINE DE LA MODE

PARIS HAUTE COUTURE 2020, pfw

Si les Willot étaient les « Dalton du textile », et Boussac le roi du coton, Maurice Bidermann, lui était le Tsar du prêt-à-porter homme. L’homme d’affaires, Maurice Bidermann, qui constitua le groupe textile du même nom, est mort lundi à  l’age de 87 ans. Frère de la chanteuse Régine, né en 1932 en Belgique, il avait constitué dans les années 1960 et 1970 un empire du textile à partir d’une petite société familiale dont il avait hérité. En modernisant les techniques de production et les pratiques commerciales, le groupe Bidermann, s’est développé avec plusieurs licences pour le prêt-à-porter masculin de marques de luxe.

En 1966, Maurice Bidermann fait là une des journaux en décrochant un formidable marché avec l’Union Soviétique portant sur 310 000 vêtements pour hommes. Marché sur lequel personne n’osait se risquer, mais qui lui ouvre les marchés internationaux. L’histoire raconte que Pierre Bergé, qui suivait les activités de cet homme d’affaires Belge, qui travaillait depuis les années 50 pour son oncle Georges Bidermann lui confia sa ligne de prêt-à-porter homme pour St Laurent. Son nom s’imposa à Pierre Bergé comme celui du seul industriel français capable de produire sa future ligne homme, faisant ainsi un enfant dans le dos de Grumler et du groupe Mendès. Un an plus tard, en 1972, Maurice Bidermann prend le contrôle total et la direction des usines Bidermann faisant croître son groupe avec une série d’acquisitions et en rachetant des entreprises en difficulté. Un partenaire pour Pierre Bergé qui se révéla solide comme il les aime et aventureux comme il aurait aimé l’être.

L’homme d’affaires s’est trouvé impliqué dans l’affaire Elf, l’un des principaux scandales politico-financiers français. Le groupe a éclaté à la suite d’une enquête sur un prêt suspect, via des circuits offshore, de la société pétrolière Elf au groupe Bidermann, d’un montant d’environ de 150 millions d’euros. Condamné en 2003 dans cette affaire à trois ans de prison dont deux avec sursis et un million d’euros d’amendes, l’industriel s’était ensuite domicilié au Maroc. Il avait continué à s’afficher avec des personnalités en France, en particulier à la fin des années 2000 avec des membres de l’entourage de notre ex-président. Au début des années 2010, il avait été visé par une enquête du fisc marocain, qui le soupçonnait de ne pas avoir déclaré tous ses revenus. Mais cette fois-ci Pierre Bergé n’était plus présent pour lui faire profiter de ses relations.

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