ARNAULT AND VERSACE NO WAY
Pourquoi Bernard Arnault a racheté Jean Patou, et s’est-il abstenu de racheter Versace ? Comme habituellement, bien en avance sur les autres, le prince du luxe sait que la vie est comme un balancier bien réglé, et que les extrêmes engendrent toujours les opposés. En effet, le streetwear sera bientôt relégué au deuxième rang, le seigneur est déjà passé au deuxième stade la « muséeification » de ses produits, et ensuite, il passera au renouveau du luxe, et nous verrons enfin le retour de la femme élégante des années 50, celle qui, autrefois, vous faisait perdre la tête et défaisait les fortunes des notables. Le comble du chic absolu et de la féminité sera de retour, enfin !
Ainsi, les Kardashian et blogueuses de mode à la mords-moi-le jonc (expression attestée au début du XXe siècle, en effet, le jonc désignait l’or), disparaîtront dans un tsunami assourdissant, pour revoir réapparaître les gens de lettres ceux qui sont cultivés, les gens de goût ceux qui ont cette sensibilité au luxe et ils ne sont pas légion. Je vous parle de la mode de demain, le New Deal que personne n’a vu arriver, et qui mettra au rancart les Pascal Marrant et autres clowns de service.
Son atout maître dans la stratégie de reconquête : un héritage fort, né d’une histoire unique. Ce patrimoine immatériel peut avoir plusieurs incarnations. Un créateur avant-gardiste et pionnier comme René Lalique, un univers particulier comme celui du voyage chez Louis Vuitton, un ancrage spatial comme pour Burberry et sa touche « So British », un savoir-faire unique, et les chinois, de plus en plus cultivés, ont bien compris. C’est la différence entre une marque patrimoniale par opposition à une marque novice. La mise en valeur de l’histoire rend paradoxalement intemporel le futur mais aussi le passé.
Anonymode