DINER EN BLANC, MAL BLANC
Jeudi soir, c’était le Dîner en Blanc à Paris, place de l’Hôtel de Ville. Les Vicomtesses, Baronnes et autres Marquises des Anges étaient présentes avec leurs ribambelles de « sexe boys » habitants tous la banlieue et qui étaient venues dîner pour la circonstance en blanc, dans l’un des lieux les plus meurtriers de la capitale, la place de Grève. Mais, hush hush, ne le dites à personne de peur d’effaroucher les donzelles endimanchées.
Ce dîner, qui se voulait autrefois très sélectif, est aujourd’hui fréquenté par des Bergsons de femmes de chambre, et des Héraclites de ruisseaux. Mais, peu importe, il est plaisant de les voir se regarder comme s’ils étaient intelligentsia de la capitale. La Baronne de la Cystite Rhénale était donc présente. Elle s’était mise près d’une cahute appelée Decaux, sorte de petit cabanon brun, car sa voisine lui avait dit qu’il y avait les commodités à tous les étages.
La Comtesse Delphine de la Samaritaine vint en voisine, pour retourner ensuite dans sa banlieue étant donné que son hôtel particulier n’est pas terminé. Elle attend encore les lits à baldaquin. Elle demanda si le bel Hidalgo qui habitait ce bâtiment sur le même quai de son hôtel était un bon parti, car il y aurait ‘baleine sous graviers’ ou ‘anguille sous roche’ : celle-ci devrait être bientôt « free ».
Le champagne de mauvaise qualité coulait à flot, les tenues plus qu’improbables pour certaines, et ridicules pour d’autres, flirtent non pas d’originalité mais de généralité. A la seule vision des tables remplies de saucissons et de pâtés, beurre, cornichons, on pouvait imaginer les Versaillais.
Dîner en Blanc dont j’ai fait partie, il y a déjà bien longtemps. Nous étions 24 convives place de la Concorde, un dîner intime où chaque femme s’était préparée pendant douze heures pour atteindre la perfection en terme d’équilibre des tenues et de maquillage. La Vicomtesse de la Marchetoudroit était très impressionnée de la taille de cette place, mais l’histoire tragique de Louis XVI contée lui gâchât un peu son dîner
Bref, fausses Vicomtesses transformées en égéries de la télé-réalité ; seins prédominants, fesses rehaussées par des implants, et le cerveau qui, depuis l’Homo sapiens, ne cessaient de grossir, fut l’exception qui confirme la règle : un blanc absolu, mais pour le dîner en blanc, c’était de bon aloi.
Faux publicitaires, directeurs du marketoche, des cygnes à cervelle de rossignols, ce sont les mêmes gens que l’on rencontre sur la Côte d’Azur : des florentins de la proche banlieue parisienne qui sont tous présidents d’une grosse société quand ils sont à Saint-Tropez en maillot de bain. Pour au final découvrir qu’ils sont vendeurs dans des supérettes dans la vraie vie. Une jeune princesse blonde époustouflante qui traînait sa table et ses deux chaises dans la rue me demanda de l’aide. J’appris en un rien de temps qu’elle venait de monter son entreprise sur Internet qui consistait géolocaliser les « cons » de la capitale, une vraie ‘tarte-up’ mais une fausse bonne idée. Personne n’est parfait.
Anonymode.